Le programme Your Word Counts

Le programme Your Word Counts

Comprendre les obstacles et les préférences liés à la dénonciation de comportements répréhensibles dans les contextes humanitaires à Kachin, au Myanmar

Myanmar

Royaume-Uni

Vue d'ensemble

Ces dernières années, Oxfam a mis l'accent sur la collecte, la gestion et la réponse au feedback de la communauté vivant dans des espaces humanitaires. Pourtant, il existe des lacunes dans la manière dont les problèmes d'exploitation sexuelle, d'abus et de fraude sont signalés. C'est pourquoi Oxfam GB a lancé le programme "Your Word Counts" ("Votre parole compte"), un effort visant à comprendre les barrières et les préférences pour le signalement des fautes professionnelles par le personnel du programme et des dirigeants de la communauté dans des contextes humanitaires. L'objectif du programme est de fournir des options de retour d'information qui sont dirigées par la communauté et spécifiques au contexte, et pour Oxfam GB de renforcer sa responsabilité au sein de sa programmation communautaire à travers le monde.

Graphique de la Journey Map
Cette Journey Map décrit comment la fraude d'allocations peut se produire parmi le personnel de terrain chargé de payer les membres de la communauté.

Sonder a aidé Oxfam à apprendre et à utiliser les principes HCD pour s'attaquer à un problème extrêmement complexe.

Oxfam a engagé Sonder pour définir la méthodologie de recherche, exécuter les activités et diriger le processus d'analyse des données dans le premier pays d'intervention du programme, le Myanmar. Parallèlement, Sonder à renforcer la compréhension et l'utilisation de méthodes HCD au sein d'Oxfam, afin que l'organisation puisse reproduire le processus de manière indépendante en Irak et en RDC.

Le programme n'a pas utilisé un processus HCD complet, mais a incorporé certains principes, tels que la nature exploratrive des conversations avec les participants afin de découvrir le monde de leur point de vue, tout en se concentrant sur les émotions et les motivations qui influencent leur prise de décision. Dans cette optique, l'équipe a mené des entretiens semi-structurés et des discussions de groupe, incitant les participants à réfléchir à la manière dont ils réagiraient dans des cas spécifiques de mauvaise conduite, ou à la manière dont ils savent que d'autres ont réagi.

Le contexte de Kachin, l'État le plus septentrional du Myanmar, a rendu la recherche très complexe.

En 2018, l'État de Kachin se caractérise par un degré élevé d'instabilité lié à des décennies de conflit armé et de violence. Au moment de la recherche, environ 97 600 personnes déplacées vivent dans 136 camps ou dans des environnements similaires à des camps. L'équipe du projet souhaitait parler à des personnes résidants dans ces camps, y compris celles qui y occupent des postes de direction ou de bénévolat. Pour des raisons de sécurité et de sensibilité, nous n'avons pas été en mesure d'obtenir les autorisations nécessaires pour entrer dans les zones contrôlées par le gouvernement (GCA) et les zones non-contrôlées par le gouvernement (NGCA) où se trouve la majorité des camps. Pour cette raison, les personnes étaient transportées au bureau d'Oxfam à Myitkyina où les conversations se sont déroulées dans des espaces totalement privés. Pour des raisons similaires, il s'est avéré difficile d'atteindre les "bonnes" personnes et les entretiens ont été menés avec une surreprésentation de chefs de communautés. En outre, bien que des efforts aient été faits pour avoir une traductrice, l'équipe de recherche n'a pas pu l'obtenir en raison d'un manque de disponibilité au niveau local.

Les mains d'une personne reposant sur une table à proximité de feuilles de papier sur lesquelles sont inscrits des termes tels que "inconduite sexuelle" et "traite des êtres humains".
Les participants n'ont pas été invités directement à décrire en détail leurs expériences personnelles en matière de mauvaise conduite, mais à réfléchir à la manière dont ils réagiraient dans des cas spécifiques, ou à la manière dont ils savent que d'autres ont réagi. Des cartes énumérant le types de mauvaise conduite ont été utilisées pour stimuler des conversations sur la protection.

Un cadre pour déconstruire la nature dynamique d'une prise de décision

En s'appuyant sur les principes du HCD, l'équipe de recherche a exploité le pouvoir de la connexion humaine et de la conversation pour découvrir un certain nombre de facteurs critiques qui influencent le signalement de fautes parmi les membres de la communauté et le personnel du programme dans les camps de Kachin, au Myanmar. Dans tout environnement, le comportement décisionnel est dynamique et ne peut être réduit à des composantes individuelles. De même, le comportement relatif à la protection et au signalement des fautes dans l'environnement social kachin ne peut être déconstruit dans son intégralité. C'est pourquoi un cadre (ci-dessous) a été créé pour orienter la réflexion, étant entendu que les différents facteurs d'influence se chevauchent et peuvent renforcer ou diminuer le poids de chacun d'entre eux en fonction de l'expérience individuelle.

Un tableau comportant 3 colonnes intitulées Facteurs personnels, Facteurs interactionnels et Facteurs structurels.
Après avoir analysé les données issues des conversations individuelles et de groupe, et distillé les thèmes plus larges sous forme de schémas, le cadre ci-dessus a été créé pour résumer ce qui est apparu au cours de la recherche.

Notion de "ah nah deh" pour adopter des canaux de signalement proactifs plutôt que réactifs

En synthétisant des données avec l'équipe Oxfam du Myanmar, nous avons identifié la gratitude et la honte comme des facteurs d'influence. Traduits par l'expression "ah nah deh", un concept birman impliquant une hésitation à imposer aux autres (en particulier ceux avec un statut plus élevé), ou la mortification d'avoir agi ainsi a révélé la nécessité pour Oxfam d'établir un lien proactif avec les membres de la communauté plutôt que d'offrir des canaux réactifs (qui imposent un fardeau supplémentaire aux membres de la communauté pour qu'ils s'expriment).

En fait, il est rare que les survivants de problèmes de protection signalent eux-mêmes les incidents, et c'est généralement le rôle de leurs proches de le faire en leur nom. Les pratiques traditionnelles de résolution communautaire n'accordent souvent pas la priorité aux préférences directes des survivants et se concentrent plutôt sur une résolution structurée des problèmes qui est plus collective et axée sur la communauté. Compte tenu de ce que l'on sait des pratiques de résolution communautaire dans la région de Kachin, il est indispensable d'examiner ce que signifie être centré sur le survivant dans ce contexte.

Les craintes liées à la perte de privilèges et d'accès aux services empêchent les membres de la communauté de se confier à des dirigeants ayant un pouvoir de décision. Faciliter l'accès à des alliés qui ne sont pas susceptibles d'exercer une influence punitive pourrait réduire les niveaux de peur et d'évitement. Les membres de la communauté préfèrent souvent parler de leurs problèmes personnels à des représentants locaux et à des chefs religieux parce qu'ils sont distincts et éloignés de la direction du camp. Des recherches supplémentaires sont toutefois nécessaires pour comprendre la capacité actuelle de ces personnalités à soutenir les membres de la communauté en matière de protection et d'inconduite.

Graphique de la Journey Map
La cartographie met en évidence les difficultés potentielles liées à la prise de parole dans un environnement politiquement tendu.

Nécessité de donner la priorité aux conversations sur ce que signifie être responsable

Le design et l'élaboration de programmes sur le long terme dans des environnements en constante évolution et politiquement tendus rendent la collaboration avec les acteurs locaux extrêmement complexes. Cette recherche a mis en évidence la nécessité d'avoir une conversation sur ce que cela signifie pour Oxfam d'être responsable dans le contexte de programmes gérés exclusivement par des partenaires locaux et nationaux. Les résultats de la recherche suggèrent qu'il existe un écart important dans les informations qui parviennent au niveau du siège et des acteurs internationaux. Si Oxfam ne reçoit pas d'informations sur ce qui se passe au niveau communautaire à Kachin, l'organisation est moins bien équipée pour y répondre efficacement. Cet écart est particulièrement important si l'on considère la responsabilité d'Oxfam et son désir de designer des mécanismes de prévention et de soutien plus adaptés au contexte.

Sonder a fait preuve de souplesse, de réactivité et de collaboration dans le cadre de notre recherche sur les comportements répréhensibles. Dans le cadre d'une recherche complexe et multithématique, ils ont été en mesure de donner un sens aux complexités et d'encadrer et de structurer clairement la recherche, établissant ainsi la plateforme qui nous permet de poursuivre la recherche dans d'autres pays. Les cartographies produites dans le cadre du projet ont été un moyen inestimable de donner vie aux résultats de la recherche. La recherche remet en question la manière dont Oxfam, et d'autres acteurs du secteur, gèrent les fautes professionnelles et a conduit à des activités pilotes pour tester de nouvelles approches.

Emily Tomkys Valteri, conseillère mondiale en matière de responsabilité, Oxfam GB

Secteur

Humanitaire

Nos services

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  • Formation et renforcement des capacités

Organisations partenaires

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Dans les médias

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